22 mars 2024 agvs-upsa.ch – ​Nous connaissons tous le nom de Bosch. Mais qui sait qui est vraiment Robert Bosch GmbH? Nous revenons sur la manière dont Bosch a transformé l’automobile et contribué à l’invention du métier de garagiste, et pourquoi l’un des slogans publicitaires de Bosch était autrefois «Buvez plus de lait». Timothy Pfannkuchen


Bricoleur de génie et toujours engagé pour une bonne formation: Robert Bosch (au premier plan) en 1936 auprès de son personnel en formation.

Chez Bosch, on achète, par exemple du lait. Pardon? Non, sans blague: il fut un temps où Bosch annonçait «Buvez plus de lait !» pour les produits Bosch fraîchement traits. Aujourd’hui encore, on peut par exemple acheter des saucisses de Vienne ou du jus de pomme au Boschhof à Mooseurach, en Bavière. Bosch, c’était et c’est avant tout une voiture. Il ne s’agit pas seulement de phares, de plaquettes de frein, de bougies d’allumage et d’appareils de diagnostic, mais aussi, pour un tiers du chiffre d’affaires, de marteaux perforateurs (un brevet Bosch !), de réfrigérateurs, de pompes à chaleur, de logiciels ou de vélos électriques. 


En 1933, Bosch fait de la publicité avec le slogan «Trinkt mehr Milch» («Buvez plus de lait») pour les produits de la ferme Bosch, dans laquelle le fondateur de l’entreprise fait des recherches sur les méthodes de culture.

Le Boschhof, qui n’appartient plus aujourd’hui à Robert Bosch GmbH, mais qui est géré par la famille Bosch, est une anecdote typique de Bosch. Ou, comme on le dirait aujourd’hui, une histoire «#LikeABosch» (c’est un slogan publicitaire): August Robert Bosch (1861 à 1942) était issu d’une famille de paysans souabes et utilisait le Boschhof pour se reposer. Mais l’inventeur de génie ne serait pas resté lui-même s’il n’y avait pas eu plus derrière. Bosch n’a jamais voulu vendre du lait en grande quantité, mais rendre le monde un peu meilleur. C’est pourquoi, à une époque où les denrées alimentaires se faisaient plus rares, il a mené des recherches sur de meilleures mé thodes de culture. Avec succès.

La bougie d’allumage est devenue un hit
Mais c’est surtout avec tout ce qui a des roues que le succès est venu. Après des années d’errance et d’apprentissage au loin, Robert Bosch, «mécanicien» de formation, fonde en 1886 à Stuttgart, à l’âge de 25 ans, son «atelier de mécanique de précision et d’électrotechnique». La même année, Carl Benz invente l’automobile dans la ville voisine de Mannheim. Plus tard, Bosch qualifiera ses dix premières années d’activité de «mauvais tourbillon». Mais la conduite automobile reste aussi un mauvais souvenir: une panne tous les dix kilomètres, souvent à cause de l’allumage, car celui des moteurs stationnaires de la voiture ne convient pas. Un défi Bosch en quelque sorte: on peut faire mieux. C’est ainsi que l’on trouve des bricoleurs et des véhicules.


Best-seller: jusqu'à aujourd'hui, les bougies d'allumage sont un produit typique de Bosch. Les isolateurs à ailettes, inventés sous cette forme par Bosch en 1969, sont également typiques. Image dans le cercle: L'étincelle qui a permis à Bosch de se développer: la bougie d'allumage haute tension de 1902 avec bride.

Et voilà: Bosch invente le premier allumage magnétique fiable pour les voitures. Et en 1902, l’allumage magnétique haute tension à haut régime avec bougie d’allumage adaptée. C'est un succès ! La bougie d’allumage devient l’étincelle qui donne naissance au groupe mondial. Au début, il s’agissait de quelques centaines de bougies d’allumage. Aujourd’hui Bosch en produit 300 millions par an: en 138 ans, l’entreprise de trois personnes est devenue un géant de 430’000 collaborateurs (dont 85’000 développeurs !) et le plus grand équipementier automobile (devant Denso, Continental, ZF et Magna). Bien sûr: Bosch connaît aussi des crises, qu’il s’agisse de guerres mondiales, de crises financières ou dans les années 1960, lorsque le groupe était devenu trop statique. Aujourd’hui, le changement de mobilité est un défi. Mais ce n’est pas l’esprit d’invention qui est en cause.

Sans Bosch, ni ABS ni ESP
Quelques exemples seulement: première injection directe, première injection électronique, système de rampe commune, sonde lambda, essuie-glace électrique, autoradio de masse (Blaupunkt), antivol de direction, phares au xénon. Ou encore la sécurité : le système électronique d’antiblocage des roues (ABS) et l’antipatinage ESP ont fait leur première apparition sur des modèles Mercedes en tant que développements Bosch. Et c’est souvent chez Bosch que de bonnes idées, mais qui avaient échoué jusqu’à présent, ont été perfectionnées et donc adaptées à la production en série. Les premiers airbags ont fait un flop aux États Unis. Un problème: le déclenchement au bon moment. Bosch a développé l’unité de commande avec accéléromètre et a fait de la poche d’air un sauveur de série pour tous.


Bien équipé: un véhicule pour les tests ABS au début des années 1970. Le premier ABS électronique à succès a été développé par Bosch et a fait son entrée dans la grande série chez Mercedes à partir de 1978. Photo: Mercedes

Bosch devrait peut-être considérer comme un compliment le fait que peu de marques doivent faire autant d’efforts pour lutter contre la contre façon (Bosch a même créé la plate-forme bosch-origify.com pour vérifier l’authenticité des produits): un essuie-glace contrefait ne se vend bien que si l’on imprime «Bosch» sur l’emballage. Bosch fonctionne. Et Bosch a également suggéré la meilleure façon de procéder lorsqu’il ne fonctionne plus. Au début de l’automobile, il n’y avait pas de garages: le service était une affaire privée, les réparations étaient assurées par des plombiers et des mécaniciens sur vélos. Ce n’est qu’avec la voiture de masse Ford Model T qu’apparurent, à partir de 1908, des pièces de rechange fabriquées en série: l’aftermarket. Très vite, les premiers ateliers de réparation purement automobiles ont vu le jour. Bosch reconnaît la tendance: en 1921, le premier «atelier de montage et de réparation» est créé, et il deviendra plus tard le «service Bosch», puis le Bosch Car Service. Il est désormais l’un des plus grands concepts de garages avec 16’000 entreprises partenaires dans le monde (90 en Suisse).

Beaucoup d’innovation et d’engagement
Si la boutique bourdonne (92 milliards d’euros de chiffre d’affaires annuel en 2022), le groupe le doit à sa capacité à se réinventer, fidèle à lui-même. L’électricité est devenue électronique, l’électronique IT; l’essence électricité. Deux exemples : le diagnostic à distance ou la pile à combustible sont des points forts de Bosch. Et l’héritage de Robert Bosch de s’engager. Lui qui n’avait jamais fait d’études a employé des personnes en formation dès le premier jour et a construit des résidences pour étudiants, pour que la relève soit assurée. Sous le troisième Reich, il a soutenu des résistants. Il a réduit les heures de travail avant tout le monde et augmenté les salaires. Robert Bosch a déclaré: «Je ne paie pas de bons salaires parce que j’ai beaucoup d’argent, mais j’ai beaucoup d’argent parce que je paie de bons salaires». Aujourd’hui encore, Robert Bosch GmbH est une entreprise familiale et figure dans le top 10 mondial des entreprises ayant déposé le plus de brevets, qu’il s’agisse de technologie des semi-conducteurs ou d’intelligence artificielle, de démarreurs ou de batteries de démarrage. Et la bougie d’allumage par laquelle tout a commencé? Elle est loin d’avoir fait son temps et porte encore aujourd’hui fièrement les ailettes isolantes que Bosch a développées en 1969 (pour une tension d’allumage plus élevée). Et sa flamme est encore loin de s’éteindre.