Nicolas Leuba sur la RTS
«Les garagistes n’ont pas peur de l’électromobilité»
Jacques Mauron, directeur général de l’entreprise romande du secteur de l’électricité Groupe E, s’est voulu rassurant: «C’est un défi, mais nous sommes sur la bonne voie.» Il est important d’installer systématiquement des stations de recharge dans les nouvelles constructions et d’équiper les propriétaires d’immeubles existants: «Cela peut être un bon argument pour attirer les pendulaires qui se déplacent en véhicule électrique.» Après tout, 70 % des Suissesses et des Suisses font la navette pour se rendre au travail.
De nombreuses personnes n’osent pas encore acheter un véhicule électrique parce qu’elles ne savent pas où le recharger, a fait remarquer Adèle Thorens. Nicolas Leuba, qui conduit une voiture électrique depuis deux ans, a relativisé: «Pendant ces deux années, je n’ai jamais eu de problème pour effectuer le trajet depuis mon domicile de Pully pour assister à des réunions à Genève, Sion ou Berne.» Les meetings à Zurich, à plus de 200 km, font exception: «Je vérifie au préalable où recharger ma voiture.»
Le garagiste John Desmeules est également intervenu. Le propriétaire du garage Desmeules à Montricher (VD) craint que l’électromobilité ne réduise la charge de travail et que des garages ne disparaissent. «Nous constatons d’ores et déjà que les intervalles d’entretien s’allongent, tout simplement parce que la qualité des voitures s’améliore sans cesse.» Bien sûr, il faut suivre l’évolution du marché, a expliqué John Desmeules. Mais en tant que garagiste, miser exclusivement sur l’électromobilité représente un risque. Le moteur à combustion restera. «Nous ne saurons que dans dix ans si j’ai raison ou tort...»
L’électromobilité est une chance, une nouvelle opportunité, a constaté Nicolas Leuba. Mais il a donné raison à John Desmeules, membre de l’UPSA, car la motorisation électrique n’est pas toujours la solution adéquate: «De plus, il n’y a pas que la voiture à combustion ou la voiture entièrement électrique, entre les deux, il existe toute une palette de concepts hybrides.» Nicolas Leuba part du principe qu’en 2030 et 2040, 50 % de la flotte de véhicules suisses sera encore équipée d’un moteur à combustion. Il en appelle à la responsabilité de la branche pétrolière: «Nous devrions conduire ces véhicules avec des carburants synthétiques.»
Adèle Thorens a abondé en ce sens: «Le changement ne se fera pas du jour au lendemain, les voitures à combustion circuleront encore longtemps sur nos routes. Les garagistes ont donc le temps de se préparer au changement. Ils ont montré qu’ils en étaient capables et ils abordent le changement avec beaucoup de sérieux.» Selon la conseillère aux États verte, il ne s’agit pas de remplacer chaque véhicule à combustion par un VEB d’ici 2050. «Il s’agit aussi d’encourager de nouvelles formes de mobilité. Les transports publics doivent être attrayants et abordables. Et sur les courts trajets en zone urbaine, on peut aussi se déplacer à pied ou à vélo. C’est plus écologique que l’électromobilité.»
Dans le même temps, Adèle Thorens a appelé à mener une offensive tant dans la formation professionnelle de base que dans la formation continue. Nicolas Leuba a immédiatement saisi la balle au bond. Il a évoqué le Centre de Formation d’Yverdon, en cours de construction pour un montant de 23 millions de francs et qui sera disponible à l’été 2023: «Nos garagistes sont suffisamment flexibles pour relever ce défi. Ils deviendront de plus en plus des prestataires de mobilité. Nous n’avons pas peur de ce changement technologique. Nous sommes prêts.» Pour Nicolas Leuba, le producteur d’électricité Jacques Mauron et la politicienne Adèle Thorens, il est important de développer ensemble des solutions intelligentes pour le trafic de demain: «Ainsi, nous y arriverons.»
Screenshot: RTS
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